Quelques dates
- 5e siècle avant JC : Fondation par les Celtes d’un « Meillan », forteresse sur un rocher, qui devait devenir plus tard Montmélian
- 1318 : Fondation du Couvent des Dominicains, le 1er en Savoie, et d’une école de théologie, centre important de la diffusion de l’enseignement
- 1599-1600 : Construction du Couvent des Capucins
Les dominicains à Montmélian
L’ordre de Saint Dominique débute avec le XIII siècle. L’Evêque espagnol d’Osma, du diocèse de la Vieille Castille, envoya Dominique comme prédicateur évangélique en 1202/1204 dans les provinces de Castille, Gallice et Aragon. Puis, emmené avec son évêque, Dominique parcourt le Languedoc pour la conversion des Albigeois ; quittant leurs grands équipages, ils marchent sans argent, sans valets, sans provisions afin de prêcher encore mieux par leur exemple. Cette volonté de vivre de la charité donna le nom « d’Ordre Mendiant ».
En 1215, Dominique va à Rome demander la confirmation de l’Ordre au Pape Innocent III, lequel est en excellents termes avec Amédée Ier, Comte de Savoie. Le Pape hésite et finit par accepter oralement la création de l’Ordre.
En 1218 Dominique fonde à Paris un établissement dans la rue Saint Jacques, d’où le nom de « Jacobins » donné aussi aux Pères Dominicains. La Règle de l’Ordre choisie par Dominique et ses premiers compagnons sera la Règle de Saint Augustin. Dominique rend son âme à Dieu le 6 aôut 1221. A cette date, 60 couvents et 8 provinces sont créés. Saint Thomas d’Aquin et d’autres frères illustres furent les « ornements » de cet Ordre.
C’est en 1318 qu’une communauté de Frères Prêcheurs fut détachée de la province de Grenoble pour être établie à Montmélian avec l’accord du comte de Savoie Amédée IV. La Maison de Savoie fut toujours attachée à cette fondation, et on la voit souvent aux cours des siècles se soucier de l’existence des Frères Prêcheurs.
La première église des Dominicains, à Montmélian, fut sans conteste, la chapelle de l’hôpital Saint Antoine, qui se trouvait sur le Mollard Berlion et dont on voit encore le vestige aménagé en maison d’habitation. Au milieu du XVe siècle, l’Eglise veut réagir à une sorte de torpeur et à un laisser-aller certain. C’est à cette époque que l’on assiste aux visites pastorales que l’Evêque de Grenoble entreprend dans le Décanat de Savoie. L’Eglise de pierres est le foyer d’une pastorale nouvelle et dynamique : Christ en gloire avec les évangélistes et leurs symboles, l’autel et la garde du Saint-Sacrement témoignent d’une volonté de faire prendre conscience aux fidèles d’un nouvel ordre.
Les Ordres Mendiant, et précisément les Dominicains à Montmélian, jouent un rôle formateur essentiel. La Maison de Savoie avait favorisé l’implantation des quatre Ordres Mendiants dans leur province : Franciscains et Dominicains à Chambéry, Dominicains à Montmélian, Carmes à La Rochette et Augustins à Saint-Pierre d’Albigny : elle voulait faire s’épanouir le projet de société chrétienne tel que voulu par Amédée VIII : lutte contre la sorcellerie, contre les Juifs, les prostituées et les lois somptuaires.
L’école adjacente au couvent des Dominicains de Montmélian, enseignait l’Ordre Chrétien ; leurs bibliothèques étaient des réserves importantes de livres de théologie, de livres de la parole et de la littérature sacrée. Pour les fidèles ne pouvant bénéficier de ces richesses culturelles, les représentations des Mystères offraient un enseignement riche et prisé. Les temps de carême devenaient des temps de rencontre, de prière et de pénitence ; les Frères Prêcheurs se répandaient dans les paroisses pour les sermons des missions très suivis des populations rurales, auxquelles assistaient aussi les bourgeois et les nobles.
A la fin du XVe siècle, et avant que le courant de la Réforme ne fasse son apparition, il est à souligner qu’à Montmélian et dans le Décanat de Savoie, l’Eglise avait déjà réalisé sa réforme des moeurs et des pratiques religieuses. C’est sans doute pour cela que les affrontements du XVIe siècle ont été plus mesurés dans notre secteur par rapport à d’autres contrées moins préparées par l’action et l’impulsion des Ordres Mendiants. Ces influences bénéfiques se ressentent dans les legs et donations,et dans la fondation de chapelles privées ou collectives. Les pèlerinages se développent : Myans, Sainte Chapelle, Saint Jacques de Compostelle, Saint Sépulcre. On peut dire en conclusion que les dévotions sont enracinées et recentrées sur la piété mariale (église dédiée à Notre Dame à Montmélian) et la passion (Vénération du Saint Suaire à Chambéry puis à Turin).
Maurice Clément